C’est le soir, on s’en va marchant en longues files, <br /> Le long des boulevards, disant : la paix ! la paix ! <br /> Dans l’ombre on est guetté par les meutes serviles. <br /> O liberté ! ton jour viendra-t-il jamais ?<br /> Et les pavés, frappés par les lourds coups de canne, <br /> Résonnent sourdement, le bandit veut durer ; <br /> Pour rafraîchir de sang son laurier qui se fane, <br /> Il lui faut des combats, dût la France sombrer.<br /> Maudit ! de ton palais, sens-tu passer ces hommes ? <br /> C’est ta fin ! Les vois-tu, dans un songe effrayant, <br /> S’en aller dans Paris, pareils à des fantômes ? <br /> Entends-tu ? dans Paris dont tu boiras le sang.<br /> Et la marche, scandée avec son rythme étrange,<br /> A travers l’assommade, ainsi qu’un grand troupeau, <br /> Passe ; et César brandit, centuple, sa phalange <br /> Et pour frapper la France il fourbit son couteau.<br /> Puisqu’il faut des combats, puisque l’on veut la guerre, <br /> Peuples, le front courbé, plus tristes que la mort,<br /> C’est contre les tyrans qu’ensemble il faut la faire : <br /> Bonaparte et Guillaume auront le même sort.<br /><br />(1870)
