Une des premières chansons de Jacques Brel... Elle contient déjà toute la puissance et la désespérance que l'on retrouvera bien souvent dans le répertoire de ce grand chanteur et poète...<br /><br />Sur la place<br /><br />Sur la place chauffée au soleil<br />Une fille s’est mise à danser<br />Elle tourne toujours pareille<br />Aux danseuses d’antiquités<br />Sur la ville il fait trop chaud<br />Hommes et femmes sont assoupis<br />Et regardent par le carreau<br />Cette fille qui danse à midi<br /><br />Ainsi certains jours paraît<br />Une flamme à nos yeux<br />A l’église où j’allais<br />On l’appelait le Bon Dieu<br />L’amoureux l’appelle l’amour<br />Le mendiant la charité<br />Le soleil l’appelle le jour<br />Et le brave homme la bonté<br /><br />Sur la place vibrante d’air chaud<br />Où pas même ne paraît un chien<br />Ondulante comme un roseau<br />La fille bondit s’en va s’en vient<br />Ni guitare ni tambourin<br />Pour accompagner sa dance<br />Elle frappe dans ses mains<br />Pour se donner la cadence<br /><br />Ainsi certains jours paraît<br />Une flamme à nos yeux<br />A l’église où j’allais<br />On l’appelait le Bon Dieu<br />L’amoureux l’appelle l’amour<br />Le mendiant la charité<br />Le soleil l’appelle le jour<br />Et le brave homme la bonté<br /><br />Sur la place où tout est tranquille<br />Une fille s’est mise à chanter<br />Et son chant plane sur la ville<br />Hymne d’amour et de bonté<br />Mais sur la ville il fait trop chaud<br />Et pour ne point entendre son chant<br />Les hommes ferment leurs carreaux<br />Comme une porte entre morts et vivants<br /><br />Ainsi certains jours paraît<br />Une flamme en nos cœurs<br />Mais nous ne voulons jamais<br />Laisser luire sa lueur<br />Nous nous bouchons les oreilles<br />Et nous nous voilons les yeux<br />Nous n’aimons point les réveils<br />De notre cœur déjà vieux<br /><br />Sur la place un chien hurle encore<br />Car la fille s’en est allée<br />Et comme le chien hurlant la mort<br />Pleurent les hommes leur destinée
