(A M. Louis de Ronchaud) <br /><br />I <br /><br />Regardez-les passer, ces couples éphémères ! <br />Dans les bras l'un de l'autre enlacés un moment, <br />Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières, <br />Font le même serment : <br /><br />Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent <br />Avec étonnement entendent prononcer, <br />Et qu'osent répéter des lèvres qui pâlissent <br />Et qui vont se glacer. <br /><br />Vous qui vivez si peu, pourquoi cette promesse <br />Qu'un élan d'espérance arrache à votre coeur, <br />Vain défi qu'au néant vous jetez, dans l'ivresse <br />D'un instant de bonheur ? <br /><br />Amants, autour de vous une voix inflexible <br />Crie à tout ce qui naît : "Aime et meurs ici-bas ! " <br />La mort est implacable et le ciel insensible ; <br />Vous n'échapperez pas. <br /><br />Eh bien ! puisqu'il le faut, sans trouble et sans murmure, <br />Forts de ce même amour dont vous vous enivrez <br />Et perdus dans le sein de l'immense Nature, <br />Aimez donc, et mourez !