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Charles Baudelaire - Les métamorphoses du vampire - Lectures de poésie

2013-03-01 8 Dailymotion

La femme cependant, de sa bouche de fraise, <br /> En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise, <br /> Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc, <br /> Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc : <br /> " Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science <br /> De perdre au fond d'un lit l'antique conscience. <br /> Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants, <br /> Et fais rire les vieux du rire des enfants. <br /> Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles, <br /> La lune, le soleil, le ciel et les étoiles ! <br /> Je suis, mon cher savant, si docte aux Voluptés, <br /> Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés, <br /> Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste, <br /> Timide et libertine, et fragile et robuste, <br /> Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi, <br /> Les anges impuissants se damneraient pour moi ! " <br /><br /> Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle, <br /> Et que languissamment je me tournai vers elle <br /> Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus <br /> Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus ! <br /> Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante, <br /> Et quand je les rouvris à la clarté vivante, <br /> A mes côtés, au lieu du mannequin puissant <br /> Qui semblait avoir fait provision de sang, <br /> Tremblaient confusément des débris de squelette, <br /> Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette <br /> Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer, <br /> Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.

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