Vrai sauvage égaré dans la ville de pierre, <br /> À la clarté du gaz, je végète et je meurs. <br /> Mais vous vous y plaisez, et vos regards charmeurs <br /> M'attirent à la mort, parisienne fière. <br /><br /> Je rêve de passer ma vie en quelque coin <br /> Sous les bois verts ou sur les monts aromatiques, <br /> En Orient, ou bien près du pôle, très loin, <br /> Loin des journaux, de la cohue et des boutiques. <br /><br /> Mais vous aimez la foule et les éclats de voix, <br /> Le bal de l'Opéra, le gaz et la réclame. <br /> Moi, j’oublie, à vous voir, les rochers et les bois, <br /> Je me tue à vouloir me civiliser l’âme. <br /><br />Je vous ennuie à vous le dire si souvent : <br /> Je mourrai, papillon brûlé, si cela dure... <br /> Vous feriez bien pourtant, vos cheveux noirs au vent, <br /> En clair peignoir ruché, sur un fond de verdure ! <br /><br /> Charles Cros