Au Roy. <br /><br />Monarque, le plus grand des Roys, <br />Et des hommes le plus aimable, <br />Seul digne de donner des loix <br />A toute la terre habitable, <br />Le vray moyen de parvenir <br />N'est rien que celuy de vous plaire : <br />C'est ce qu'icy nous fait venir ; <br />De plus huppés que nous en voudroient autant faire. <br /><br />Nous sçavons que les courtisans, <br />Quoy que personnes fort civiles, <br />Ne font estat des artisans <br />Que selon qu'ils leur sont utiles ; <br />Mais nous sçavons aussi fort bien <br />Que nostre sort, qui nous maltraite, <br />Se peut changer en moins de rien <br />Et que, si vous voulez, nostre fortune est faite. <br /><br />Tout veut parvenir icy-bas ; <br />Pour cela seul chacun travaille : <br />Sans ce motif, dans les combats, <br />On craindroit l'estoc et la taille ; <br />Vous-mesme, un jour, vous parviendrez <br />A l'empire de tout le monde, <br />Et le sceptre que vous tiendrez <br />Vous fera respecter sur la terre et sur l'onde. <br /><br />Mais c'est beaucoup moraliser <br />Pour de pauvres gens de boutique. <br />Ça ! ça ! dansons, sans tant causer <br />Et nous piquer de rhetorique. <br />Les violons sont-ils d'accord ? <br />Bon ! tout va bien, la piece est grande. <br />Mais les Dames parlent bien fort : <br />Paix là ! paix là ! paix là ! le Roy vous le commande.
