Jean Richepin a écrit les oiseaux de passage et Georges Brassens a mis ce poème en musique. <br />Sur la même musique, voici les oies sauvages de Guy de Maupassant à la demande amicale de "Ninon" qui anime avec passion le site des Amis de Georges. <br /><br /> "LES OIES SAUVAGES" <br /><br /> Tout est muet, l’oiseau ne jette plus ses cris. <br />La morne plaine est blanche au loin sous le ciel gris. <br />Seuls, les grands corbeaux noirs, qui vont cherchant leurs proies, <br />Fouillent du bec la neige et tachent sa pâleur. <br /><br />Voilà qu’à l’horizon s’élève une clameur ; <br />Elle approche, elle vient, c’est la tribu des oies. <br />Ainsi qu’un trait lancé, toutes, le cou tendu, <br />Allant toujours plus vite en leur vol éperdu, <br />Passent, fouettant le vent de leur aile sifflante. <br /><br />Le guide qui conduit ces pèlerins des airs <br />Delà les océans, les bois et les déserts, <br />Comme pour exciter leur allure trop lente, <br />De moment en moment jette son cri perçant. <br /><br />Comme un double ruban la caravane ondoie, <br />Bruit étrangement, et par le ciel déploie <br />Son grand triangle ailé qui va s’élargissant. <br /><br />Mais leurs frères captifs répandus dans la plaine, <br />Engourdis par le froid, cheminent gravement. <br />Un enfant en haillons en sifflant les promène, <br />Comme de lourds vaisseaux balancés lentement. <br />Ils entendent le cri de la tribu qui passe, <br />Ils érigent leur tête ; et regardant s’enfuir <br />Les libres voyageurs au travers de l’espace, <br />Les captifs tout à coup se lèvent pour partir. <br />Ils agitent en vain leurs ailes impuissantes, <br />Et, dressés sur leurs pieds, sentent confusément, <br />À cet appel errant, se lever grandissantes <br />La liberté première au fond du cœur dormant, <br />La fièvre de l’espace et des tièdes rivages. <br />Dans les champs pleins de neige, ils courent effarés, <br />Et jetant par le ciel des cris désespérés <br />Ils répondront longtemps à leurs frères sauvages. <br /><br /> Guy de Maupassant
